Eva et Jonathan Ruimy

J’ai connu Béla par le biais de mon mari, Jonathan Ruimy, car elle était au départ une cliente de son salon de coiffure. Je l’ai appréciée tout de suite car elle me faisait penser à ma grand-mère Ashkénaze, blonde aux yeux bleus comme elle. De par son histoire et le drame qu’a été son enfance, en miroir avec celui de ma famille (déportation et décès en Pologne de mon arrière-grand-mère et de mon grand-oncle), je me sentais proche d’elle. Je l’appréciais et la respectais énormément. C’est pourquoi j’ai été profondément peinée lorsque j’ai appris son décès si brutal.

J’étais si heureuse lorsque je la croisais sur le boulevard du Montparnasse pour pouvoir lui parler et lui demander des conseils. Elle n’était que gentillesse et bienveillance. Je suis persuadée qu’elle n’a jamais fait de mal à personne durant toute sa vie. Ce sont les autres qui lui ont fait du mal.

Je l’avais vu à peine quelques jours avant qu’elle s’en aille. J’étais à la caisse du salon de coiffure et je l’ai aperçue au loin. Je lui ai fait un bonjour de la main. Elle ne m’a pas reconnue tout de suite, ce qui m’a paru étrange. Puis elle a collé son visage sur la porte afin de mieux voir et m’a fait un signe en réponse avec un énorme sourire, je ne savais pas que c’était la dernière fois que je la voyais en train de me faire un coucou à travers la porte. Je garderai toujours cette image d’elle, souriante en train de me dire au revoir au loin…

Eva Ruimy

J’ai eu la chance de rencontrer Béla il y a plus de 10 ans lorsque j’ai ouvert mon salon de coiffure dans le même immeuble qu’elle. Elle fut d’abord une cliente sympathique et attachante puis elle devint une amie. En effet, nous étions invités avec mon épouse tous les ans chez elle à l’occasion de la fête de Chavouot. Cette fête où l’on ne mange que du fromage était l’occasion pour elle de pouvoir nous recevoir à table en toute simplicité avec son époux Henri Atlan.

Ce que j’aimais beaucoup chez elle c’était sa sympathie, sa vivacité d’esprit et sa joie de vivre malgré toutes les épreuves qu’elle avait pu endurer. Elle était toujours jeune dans sa tête, parfois même plus jeune que moi alors que je n’ai que quarante ans. Elle savait se faire entendre mais elle savait aussi écouter les autres. Je me souviens d’elle venant me voir au salon de coiffure pour me demander si son nouveau blond lui allait bien. Elle était toujours bienveillante et venait me dire si quelque chose n’allait pas au salon de coiffure lorsque je n’étais pas là. Elle était toujours à me complimenter sur le salon de coiffure ou sur moi-même.

Les Chavouot ne seront plus jamais les mêmes sans elle et nous aurons avec mon épouse tous les ans une pensée émue lorsque ce jour arrivera.

Jonathan Ruimy