Jean-Michel Bloch

Béla c’est une amitié de 40 ans. Je l’ai rencontrée après son mariage avec Henri. Au début j’ai été quelque peu désarçonné par sa personnalité. Ses brusques reparties si un mot, une phrase ne lui agréaient pas. Et puis j’ai compris très vite cette qualité rare. D’instinct elle sentait où se situaient le juste et le vrai qu’elle exprimait dans un cri qui jaillissait du fond d’elle-même, par-delà les convenances et le « moralement et politiquement correct » Et son extrême pudeur, son exigence de vérité se révélait dans son impudeur à dire crûment les choses.

Béla était libre.

 Elle était imprévisible, toujours là où on ne l’attendait pas. Et il n’était pas toujours facile de l’affronter, d’affronter ses « engueulades » que beaucoup, quel que soit leur statut social redoutaient.

Je ne voudrais pas idéaliser Béla. Elle pouvait se tromper mais elle était entière, sans concession. Elle jugeait à l’aune d ’un sentiment intérieur, témoin d’une belle « nechama », d’une belle âme comme m’avait dit un ami, et qui la portait à un don de soi envers les autres, une écoute, une attention, et pas seulement dans son activité professionnelle. Elle s’intéressait aux gens, même les plus simples au hasard de ses rencontres, toujours disponible et prête à leur venir en aide. C’était le pendant de son caractère exigeant et révolté. Mais elle pouvait aussi du jour au lendemain cesser une relation si elle ne vous en jugeait pas digne et puis un jour elle réapparaissait.

 De toi Béla je garde toujours en moi l’image d’une femme jeune. Car cette énergie, cette fougue, cette liberté te conféraient une fraicheur et une éternelle jeunesse.

J’ai appris par Henri ce qu’elle avait traversé, seule, dans son enfance et son adolescence. Mais elle est restée elle-même, intègre.

Béla tu étais unique et tu nous manques.