Sonia Rachel Moses

Béla Béla Béla,

Quelle belle âme, éternellement juvénile, unique et spontanée, avec un esprit libre et la fraîcheur d’une enfant. 

Je la sentais comme mon âme sœur. Elle me disait que son prénom était Béla Rachel, comme mon deuxième prénom à moi aussi.

Béla, personne extrêmement belle, pleine de vie, pleine de lumière. Je ne peux m’adresser à elle qu’au présent, car sa force vitale continue de rayonner.

J’adorais chez Béla tout ce qu’elle était : son grand charme, sa spontanéité, son côté bohème. 

Par son humour, son inventivité, sa fantaisie, je percevais Béla comme une artiste dans la vie même.

J’aimais tant sa générosité, son écoute profondément humaniste, au-delà du jugement. 

Elle mettait tout son talent, son instinct et sa connaissance au service de sa volonté de soigner et de libérer ses patients et même ses amis.

Tous les conseils que j’ai reçus de Béla étaient formulés de manière drôle, créative et juteuse ; ils m’ont profondément éclairée et ils guident ma vie. J’essaie de les appliquer au mieux.

Béla, généreuse en compliments et en encouragements, elle savait recevoir ses invités comme des princes et princesses VIP.

Tous les cadeaux que j’ai reçus de Béla sont faits d’une matière douce : un coussin rouge en peluche en forme de cœur posé sur mon canapé ; une veste et jupe en velours ; un chemisier soyeux et lumineux.

Et même pour les plus modestes cadeaux que j’ai pu lui offrir, Béla les a toujours accueillis avec gratitude et enthousiasme. Après lui avoir offert une boîte de rangement couverte de paillettes mauves, elle m’a répétée à plusieurs reprises, « J’adore ».

J’étais, et je suis toujours, en admiration devant la position anti-victime de Béla, son autodérision et son esprit iconoclaste.

Je n’ai passé aucun moment sinistre avec elle. Elle savait tourner même le plus lourd en léger, en blaguant avec son humour charmant.

Vu son histoire et sa biographie, c’est une inspiration incroyable pour moi que de la voir traiter l’horreur avec humour.  J’ai tellement aimé son autodérision, son recul, son sens de la dédramatisation. Je ris encore de ses blagues dites autour de la table à manger le vendredi soir, lors de dîners chaleureux et uniques. 

Béla savait aussi se remettre en question et être en mouvement permanent, notamment par rapport à sa pratique thérapeutique. Les dernières années, elle a choisi d’aller vers des thérapies brèves et peu coûteuses, par souci de pouvoir aider ses patients rapidement, les « remettre sur pied » comme elle disait.

En dehors de ses amis et de ses patients, Béla « adoptait » des personnes de son entourage, leur apportant accompagnement et soutien.

Le choix de Béla d’incarner la bonté et la générosité, ce choix de lumière en réponse à la cruauté et au tragique, je le considère comme un trait de caractère Hassid.

On dit que chaque personne est unique au monde, que chaque personne est un microcosme. Toutefois, il faut parfois creuser plus ou moins profondément pour le percevoir. Chez Béla, sa personne unique éclatait au grand jour.

Béla est pour moi une lumière, une perle, une pépite d’or, une fleur.  Avec tout mon grand amour pour toi Béla.