Certains suivent leurs émotions, intuitions et affects. D’autres raisonnent, déduisent, conceptualisent. Il est très rare qu’on fasse les deux, et passe d’un registre à l’autre, sans crier gare, voire sans s’en rendre compte.
Béla avait cette étrange liberté. De parole et de pensée, d’intuition et de rumination.
Elle fonctionnait par éclairs et souterrains, fulgurances et persistances.
Ce qui, évidemment, est déconcertant, et même perturbant. Mais fécond, une fois admise la perte des repère habituels.
J’ai connu Béla seulement quelques années, avant que le tourbillon de la vie ne nous sépare durablement, mais elle a profondément marqué mon existence, d’une manière que j’ai mieux comprise au fil du temps.
Je crois qu’elle m’a fait entrevoir qu’on peut vivre des idées et concevoir des sensations, et que désirs et pensées s’entrelacent sans cesse.
Plus encore, elle m’a permis de découvrir ce qu’est un processus. Je croyais naïvement, comme beaucoup, que les choses étaient fixes, les gens aussi, les situations également, sans parler des notions.
Béla m’a aidé à voir que tout bouge. On appelle ça la vie.